Amos et Boris
Amos le souriceau habitait près de l’océan. Il aimait l’océan. Il aimait l’odeur de l’air marin. Il aimait les bruits du ressac1, les vagues qui déferlent et les galets qui roulent. Il pensait beaucoup à l’océan et s’interrogeait sur les lieux lointains situés de l’autre côté de l’eau.
Un jour, Amos commença à construire un bateau sur la plage. Il y travaillait pendant la journée et, la nuit, il étudiait la navigation. […]
Le six septembre, par un temps très calme, il attendit que la marée haute eût presque atteint son bateau ; alors, déployant toute sa force, Amos le poussa à l’eau, grimpa à bord et pris la mer. [...]
Une nuit, dans une mer phosphorescente2, il s’émerveilla de voir des baleines souffler de l’eau lumineuse ; plus tard, couché sur le pont de son bateau, regardant l’immense ciel étoilé, le minuscule Amos, petit point vivant dans le vaste univers vivant, se sentit en harmonie complète avec ce qui l’entourait, il roula alors sur lui-même et, du pont de son bateau, tomba dans l’eau. […]
Et il se trouvait là ! Où ? Au milieu de l’immense océan, à quinze cents3 kilomètres de la côte la plus proche. […] Il décida de flotter ; nageant à la verticale et espérant que quelque chose – qui sait quoi ? – surviendrait pour le sauver. […]
Amos et Boris, William Steig.Gallimard Jeunesse