Votre enfant fait preuve d’une grande maladresse au quotidien ? Il se cogne souvent, casse tout ce qu’il touche par inadvertance et peine à s’habiller correctement ? Après plusieurs consultations chez des spécialistes, le diagnostic de la dyspraxie est posé. Aussi fréquente que la dyslexie, ce trouble de la coordination et de l’automatisation du geste toucherait plus de 250 000 enfants scolarisés en primaire, soit un élève par classe. Les parents se retrouvent alors démunis face aux comportements et aux difficultés scolaires de leur enfant. À l’école en effet l’élève dyspraxique a du mal à effectuer plusieurs tâches en même temps, ses gestes sont lents et ses productions écrites de médiocre qualité. Pourtant, les enfants dyspraxiques sont indemnes de déficit intellectuel et sont capables d’apprendre avec beaucoup de plaisir et d’efficacité. De quelle manière aider ces enfants dans leurs apprentissages qui s’épuisent à faire des choses simples au quotidien ? Comment concilier dyspraxie et réussite scolaire ? Nous vous proposons trois pistes pour accompagner au mieux ces élèves dans leur scolarité.
1. Mieux comprendre un enfant dyspraxique pour l’aider à l’école
Aider en comprenant mieux : voilà l’une des premières solutions pour accompagner les enfants dyspraxiques dans leur scolarité. Trop souvent méconnu, ce trouble du « comment faire » est source de difficultés réelles pour ces derniers qui peuvent rapidement se décourager devant une tâche. C’est pourquoi il est essentiel de bien l’appréhender pour apporter des solutions adaptées et éviter les décrochages scolaires.
Qu’est-ce que la dyspraxie ?
Elle peut se résumer par un déficit de la coordination motrice, c’est-à-dire par l’incapacité totale ou partielle d’exécuter des gestes volontairement ou de manière automatique. Lorsque nous désirons interagir avec notre environnement (écrire, manger, conduire), nous programmons des gestes intentionnels de façon parfaitement efficace. Tous ces gestes appris sont ensuite exécutés naturellement sans y prêter une attention particulière et peuvent même être réalisés en même temps qu’une autre tâche. Eh bien, l’enfant qui présente une dyspraxie n’arrive pas à planifier correctement ses mouvements de manière précise. Il sait ce qu’il veut obtenir, il sait l’imaginer, mais ne peut pas réaliser la succession des mouvements nécessaires pour y parvenir. Il s’agit précisément d’un trouble d’ordre cognitif : la pensée qui régit le geste ne se développe pas correctement. Ainsi, en dépit d’un apprentissage habituel, ce dernier n’arrive pas à engrammer des routines, c’est-à-dire à inscrire cérébralement certaines praxies correspondant à des actions spécifiques. Au final, ses gestes restent lents, maladroits, pénibles et requièrent une attention considérable ce qui lui demande beaucoup d’énergie et l’épuise au quotidien.
Quelles sont les conséquences de ce trouble des apprentissages ?
On comprend ainsi aisément les conséquences de la dyspraxie sur la réussite scolaire et la vie quotidienne de l’enfant. À la maison, elle rend difficile le fait d’enfiler un vêtement, de faire sa toilette et de manger proprement par exemple. À l’école, l’élève dyspraxique va se retrouver rapidement en difficulté, car de nouveaux outils sont à utiliser et de nombreux gestes à réaliser. Dès la maternelle, il ne parvient pas à découper sur une ligne, à colorier sans dépasser ou encore à reproduire les formes des lettres. L’écriture, justement, est le problème majeur de ces enfants. Puisqu’ils n’automatisent pas le geste écrit, ils sont en situation de double tâche lorsqu’ils écrivent manuellement. Autrement dit, ils sont contraints de prêter attention au dessin des lettres pendant qu’ils écoutent ce que dit l’enseignant. Or, le cerveau ne peut pas faire deux choses à la fois si ces deux tâches requièrent de l’attention. Résultat : ils vont partager leurs ressources attentionnelles entre le traçage des lettres et l’écoute du texte récité lors d’une dictée par exemple. Au final, puisqu’ils focalisent leur attention sur leurs gestes, ils sont beaucoup plus lents que leurs camarades et font inévitablement beaucoup plus de fautes.
Mieux comprendre ce trouble de l’apprentissage et les difficultés scolaires qui vont se révéler chez l’enfant dyspraxique est essentiel pour ne pas le pénaliser. Son déficit qualitatif de l’écriture et sa lenteur d’exécution ne sont pas dus à un manque de motivation ou d’intérêt, mais uniquement à un déficit cérébral. C’est pourquoi il est nécessaire de se montrer indulgent et de valoriser ses capacités pour l’aider à réussir à l’école.
2. Adapter les supports pédagogiques pour allier dyspraxie et réussite scolaire
En comprenant ce qu’implique le trouble de l’acquisition des coordinations chez ces enfants, nous réalisons qu’il est inutile de les entraîner de façon intensive sur une tâche. En effet, puisqu’ils n’automatisent pas les gestes, la répétition des activités n’apporte aucune amélioration. Même s’il est possible de rééduquer certains réflexes cognitifs, une personne « dys » le restera toute sa vie. Ce faisant, comment faire pour que les élèves dyspraxiques puissent apprendre à l’école et notamment à lire et à écrire ? Pour cela, il est primordial de proposer des aménagements pédagogiques qui vont leur permettre de développer leur potentiel sans être gênés par leurs difficultés motrices.
Adapter les supports pédagogiques pour faciliter la lecture
Ce trouble de l’automatisation des gestes implique presque toujours un trouble du regard (l’enfant voit bien, mais a du mal à « organiser » son regard) ainsi qu’une difficulté à comprendre la notion d’espace. On parle de dyspraxie visuo-spatiale. Lorsque nous lisons un texte, nos yeux suivent les lignes dans le sens de la lecture puis vont automatiquement à la ligne suivante. Ils font également des saccades (des sortes de petits bonds) pour voir l’information qui va suivre et se reposent au bon endroit afin de continuer la lecture. L’enfant qui souffre de déficit visuo-spatial a, au contraire, du mal à organiser son regard et à réaliser des saccades oculaires efficaces. Il se retrouve alors, une nouvelle fois, en situation de double tâche au moment de lire un texte : il doit focaliser son attention sur le contrôle de ses yeux en même temps qu’il doit comprendre le sens de ce qu’il lit. Il risque ainsi d’oublier des lettres voire des mots, de doubler des syllabes ou bien de sauter des lignes.
De fait, pour soutenir la réussite scolaire malgré la dyspraxie, vous pouvez faciliter la lecture de la façon suivante :
- supprimer tout élément qui n’apporte rien au travail demandé (illustration, lettrine, fond de couleur, etc.) ;
- opter pour une présentation claire et aérée avec un exercice par page ;
- augmenter la taille de la police, des interlignes (minimum 1,5) et mettre une espace supplémentaire entre les mots ;
- lire à la place de votre enfant ou prendre le relais dès qu’il fatigue (n’hésitez pas à lui faire la lecture lors des devoirs et à choisir des livres sous format audio) ;
- adapter les supports écrits en alternant les couleurs d’écriture ou de surlignage des lignes pour l’aider à se repérer et à reprendre la lecture au bon endroit.
Proposez-lui plusieurs adaptations et choisissez celle qui lui convient le mieux. Pour certains, une grosse police d’écriture est nécessaire alors que pour d’autres des caractères plus petits avec un interligne double est préférable. Certains seront aidés par le surlignage et d’autres, au contraire, seront gênés. Votre enfant éprouve également des difficultés à poser des opérations ? Découvrez notre article sur la dyscalculie pour l’aider en mathématiques.
Répondre aux difficultés d’écriture pour concilier dyspraxie et réussite scolaire
Un enfant dyspraxique est toujours un enfant dysgraphique, c’est-à-dire qu’il est incapable d’automatiser l’écriture pour en faire un outil rentable afin d’accéder aux apprentissages. Les lettres sont mal formées, les espaces non respectées et l’écriture manuscrite lente signe d’un effort intense. Pour contourner ce problème et l’aider dans sa réussite éducative, voici des exemples d’adaptations pédagogiques :
- utiliser les capacités de l’enfant à l’oral (excellent langage et raisonnement verbal) : passer par la verbalisation du geste à obtenir pour l’aider à tracer les lettres (je forme un rond et une petite canne pour la lettre « a », etc.) ;
- préférer des outils qui glissent bien sur le papier (stylo gel, feutre) ;
- utiliser des cahiers avec des lignes de couleur pour l’aider à se repérer sur une feuille ;
- réduire la quantité d’écrit exigée (en accord avec l’enseignant) et privilégier les exercices à trous : demandez-lui d’écrire uniquement les mots cibles à travailler et si cela est encore trop difficile, demandez-lui de les épeler.
Ces aménagements sont à adapter en fonction des besoins de l’enfant, de la sensibilité du professeur aux troubles cognitifs, de la présence d’une AVS et de votre flexibilité. Une collaboration continue entre la famille et l’équipe pédagogique est essentielle pour faciliter la réussite scolaire avec la dyspraxie.
3. Compenser les déficits par l’outil informatique pour soutenir la réussite éducative
Lorsque les moyens d’adaptations et les aménagements scolaires ne suffisent pas, des outils de compensation devront être trouvés. Le numérique peut justement apporter une aide considérable aux élèves dyspraxiques. En utilisant un ordinateur, ces derniers n’auront plus à se préoccuper de la bonne tenue du crayon ou de la formation des lettres. Le geste d’écriture qui reste le problème majeur chez ces enfants est compensé par la frappe au clavier. Ils vont enfin pouvoir suivre le rythme scolaire avec beaucoup plus de facilité et reprendre confiance en leurs capacités. Avec l’outil informatique, ils pourront être évalués uniquement sur leurs compétences scolaires et non plus en fonction de leur déficit moteur. Le Cartable Fantastique, association créée par une chercheuse en sciences cognitives et maman d’une fille dyspraxique, propose d’ailleurs de nombreux exercices adaptés au format numérique et des outils pédagogiques « prêts à l’emploi ». Son objectif ? Permettre à ces élèves d’apprendre, de travailler et d’être évalués sans passer par l’écriture manuscrite.
Toutefois, l’outil numérique n’est pas une solution miracle. Il peut même, s’il est mal utilisé, représenter une difficulté supplémentaire pour les élèves dyspraxiques. C’est pourquoi un travail en amont est indispensable pour apprendre à taper au clavier, à utiliser les logiciels adaptés, à organiser l’enregistrement des documents, etc. Par ailleurs, les enfants présentant des troubles de l’organisation du regard devront apprendre le clavier caché pour ne pas s’épuiser à chercher visuellement les lettres. Ce travail est réalisé par un ergothérapeute qui proposera des stratégies ciblées et adaptées pour aider l’élève en fonction de son déficit.
Dyspraxie et réussite scolaire : ce qu’il faut retenir
Ces enfants qui ne savent pas se servir d’un ciseau, écrire correctement leur prénom et dont les cahiers sont chiffonnés, ne sont pas simplement maladroits. Le trouble de l’acquisition des coordinations les empêche de réaliser de nombreux gestes. Ils se retrouvent donc souvent en difficultés d’apprentissage. Pourtant, la dyspraxie ne doit pas entraver la réussite scolaire. Les élèves qui souffrent de cet handicap possèdent de grandes ressources en termes d’imagination et de créativité. Intelligents, vifs, curieux, ils peuvent tout à fait suivre une scolarité normale si des adaptations et des stratégies de compensation sont mises en place. Chez Pazapa, nous sommes convaincus qu’un enfant dyspraxique peut être un élève parfaitement compétent. Pour l’aider à atteindre ses pleines capacités, nous dispensons une pédagogie facilitante en acceptant les contournements jugés nécessaires. Avec échange et bienveillance, notre école musulmane en ligne accompagne ces enfants pour leur donner le plaisir d’apprendre, une condition essentielle à leur réussite éducative.