Votre enfant éprouve de grandes difficultés à verbaliser ses pensées ? Il cherche souvent ses mots et semble ne pas comprendre les questions qu’on lui pose ? Encore mal connue, la dysphasie toucherait au moins 1 % des enfants en âge scolaire. Ce trouble des apprentissages se traduit par un déficit sévère et durable de l’élaboration du langage et des performances verbales. Les paroles sont incompréhensibles, mal structurées et le vocabulaire est pauvre et limité. Parce que le langage est la base de toute action pédagogique, les élèves dysphasiques rencontrent des difficultés importantes sur les bancs de l’école. On pense qu’ils sont inattentifs alors qu’ils se démènent et déploient des efforts colossaux pour comprendre et s’exprimer. C’est pourquoi ce trouble plonge bien souvent les parents dans un profond désarroi. Comment soutenir son enfant dysphasique dans ses apprentissages ? De quelle manière concilier dysphasie et scolarité ? Découvrez comment aider votre enfant à progresser et s’épanouir dans son travail scolaire malgré son handicap invisible.
Mieux comprendre la dysphasie pour accompagner son enfant dans ses apprentissages scolaires
Le trouble développemental du langage se caractérise par d’importantes difficultés d’expression et/ou de compréhension du langage oral. S’il n’est pas diagnostiqué suffisamment tôt, il peut être source de grande frustration et d’échec scolaire. Il est donc essentiel de bien comprendre ce trouble des apprentissages et les obstacles qui doivent être surmontés pour apporter des solutions adaptées aux enfants dysphasiques.
Qu’est-ce que la dysphasie ?
Il s’agit d’un trouble spécifique et durable du développement du langage oral. Le terme « spécifique » signifie que ce trouble s’observe chez des enfants ne présentant pas de déficience intellectuelle, de lésion cérébrale ou encore de problèmes auditifs. Son origine est uniquement neurologique : le cerveau des personnes dysphasiques fonctionne différemment pour l’apprentissage du langage. On parle de trouble cognitif. Par ailleurs, à l’inverse d’un simple retard de parole qui se résorbe avec le temps, la dysphasie persiste avec l’âge. C’est précisément un déficit significatif et durable de l’organisation du langage.
Quelles sont les formes de dysphasie ?
Les spécialistes s’accordent à dire qu’il existe autant de dysphasie que d’enfants dysphasiques. En effet, les signes et leur sévérité varient considérablement d’une personne à l’autre. Toutefois, on peut distinguer trois grands types de dysphasies :
- La dysphasie expressive (la plus fréquente) : l’enfant éprouve de grandes difficultés pour s’exprimer à l’oral et se faire comprendre.
- La dysphasie réceptive (plus rare) : l’enfant a beaucoup de mal à comprendre ce qu’on lui dit de vive voix.
- La dysphasie mixte : l’enfant éprouve à la fois des difficultés pour s’exprimer et pour comprendre.
Il est donc question d’un déficit important au niveau de la communication orale. Ainsi, on imagine aisément les conséquences de la dysphasie sur la scolarité de l’enfant.
Quels sont les symptômes du trouble développemental du langage ?
Voici les manifestations les plus courantes de la dysphasie chez l’enfant tant au niveau de l’expression que de la compréhension du langage :
- il n’arrive pas à trouver ses mots malgré sa forte envie de communiquer ;
- il déforme les sons ou les mots et donne l’impression de parler une autre langue ;
- ses paroles sont indistinctes : il « parle », mais on ne comprend pas ce qu’il dit ;
- ses phrases sont mal structurées, sa syntaxe est mauvaise (« moi jouer camion ») ;
- il se trompe entre le pluriel et le singulier, le féminin et le masculin (« chat grise ») ;
- il confond les sons et mots qui se ressemblent à l’oral comme « pain » et « bain » ;
- il entend bien, mais ne semble pas comprendre ce qu’on lui dit ;
- il ne comprend pas des ordres simples (donne, prends) ;
- il parle beaucoup avec des gestes et comprend d’ailleurs mieux les gestes que les mots.
De plus, la dysphasie est souvent associée à d’autres troubles des apprentissages comme la dyspraxie ou la dyslexie. D’ailleurs, venez découvrir notre article pour savoir comment aider un dyslexique à lire.
L’enfant dysphasique ressent une grande frustration de ne pas être compris. Ce sentiment entraîne généralement des crises de colère et d’agressivité signe d’une souffrance profonde et de repli sur soi. C’est pourquoi il est nécessaire de bien appréhender les répercussions de ce trouble pour pouvoir aider son enfant à réussir à l’école. De cette façon, vous pourrez lui expliquer qu’il n’est pas fautif et que ses désordres langagiers n’ont rien à voir avec un manque d’intelligence.
Améliorer l’expression orale de l’enfant pour allier dysphasie et scolarité
Raconter sa journée, répondre à une question, exprimer ses besoins, réciter sa leçon…, l’enfant dysphasique a beaucoup de mal à s’exprimer. Ce déficit au niveau de la production du langage pénalise aussi bien la communication dans la vie quotidienne que les apprentissages et les cours de récitations à l’école. De fait, comment aider son enfant à améliorer ses performances verbales par des moyens simples et efficaces ?
Encourager son enfant à mieux s’exprimer
Pour favoriser la communication au quotidien avec un enfant présentant un trouble spécifique du langage oral, vous pouvez :
- Donner des indices pour l’aider à trouver ses mots : si vous savez quel est le mot recherché, dites-lui le premier son ou la première syllabe de ce mot (ch… pour chien).
- L’encourager à trouver le mot qu’il cherche en le décrivant : quelle est sa fonction ? À quoi cela ressemble ?
- Prendre le temps de le laisser s’exprimer pour donner de l’importance à sa parole et l’encourager à communiquer.
- Reformuler ses propos s’il déforme les mots ou construit mal ses phrases afin qu’il entende la forme correcte.
- Ne pas exiger qu’il répète systématiquement le mot ou la phrase, car cela lui demande de fournir un effort considérable.
- Discuter de ses centres d’intérêt, de ses passions pour l’inviter à s’exprimer.
- Être un modèle au niveau langagier : parler lentement de façon claire et simple en prononçant distinctement chaque mot.
- Valoriser ses efforts : encouragez ses essais et félicitez-le même s’il fait des erreurs.
Travailler le vocabulaire pour concilier dysphasie et scolarité
L’enfant qui présente un déficit langagier souffre généralement d’un manque de mot et d’un vocabulaire très limité. Il s’agit d’un trouble d’accès lexical qui se caractérise par une difficulté à trouver rapidement le bon mot. Pour aider votre enfant à fixer son vocabulaire et favoriser sa réussite scolaire, vous pouvez construire ensemble un lexique. C’est un excellent moyen pédagogique afin de réviser les mots vus en classe et activer ses connaissances « hors contexte ». En effet, il arrive fréquemment qu’un enfant dysphasique connaisse un mot dans un cadre précis, mais n’arrive pas à faire le lien dans un contexte différent. Il peut, par exemple, employer le mot « chat » pour parler du chat qu’il possède à la maison. En revanche, il peut ne pas comprendre que ce mot représente aussi le chat de son voisin. Ensuite, classez ces mots par ordre alphabétique en fonction des matières scolaires afin de les retrouver plus facilement.
Par ailleurs, encouragez l’acquisition et l’enrichissement du vocabulaire grâce à l’auto-verbalisation. Décrivez ce que vous faites, ce que vous voyez pour apporter de nouveaux mots. Utilisez également la verbalisation parallèle en commentant ce que votre enfant fait ou entend. Mettez des mots sur ses actions, ses sentiments avec un vocabulaire adapté à son niveau de compréhension. Enfin, apportez-lui d’autres formes du langage (histoires, comptines, etc.) pour développer son vocabulaire et soutenir son envie de communication. Eh oui, les enfants dysphasiques ont un grand désir de communiquer malgré leurs difficultés langagières.
Favoriser la compréhension du langage pour aider son enfant dysphasique à l’école
En plus de leurs difficultés d’expression, certains enfants dysphasiques peinent à comprendre les informations transmises. Il est question de la dysphasie de réception où toute la compréhension du langage oral est atteinte. C’est pourquoi ces derniers agissent parfois de façon inadaptée face à une situation ou ne répondent pas correctement à une consigne en classe. Ces maladresses peuvent représenter, en plus du trouble de l’expression, une réelle souffrance et ne concilier que difficilement dysphasie et scolarité. Pourtant, dans la majorité des cas, les élèves dysphasiques désirent accomplir avec succès les tâches demandées. De fait, comment aider son enfant à mieux comprendre ce qu’on lui dit ?
Mieux communiquer pour compenser le trouble de la compréhension
Pour une communication efficace avec votre enfant, assurez-vous tout d’abord d’avoir son attention avant de parler. Placez-vous à sa hauteur pour qu’il puisse voir votre visage et vos lèvres. Ensuite, adaptez votre discours et votre manière de parler à son niveau de compréhension de la façon suivante :
- utiliser des mots que l’enfant connaît ;
- parler lentement pour qu’il ait le temps d’assimiler les informations ;
- utiliser des phrases courtes et simples ;
- éviter les messages trop compliqués ;
- ne donner qu’une consigne à la fois pour limiter la quantité d’informations ;
- répéter et reformuler avec d’autres mots si l’enfant ne comprend pas.
Au moment des devoirs, facilitez la compréhension des consignes en reformulant avec des tournures de phrases plus accessibles. Notez qu’en raison de son trouble d’apprentissage du langage oral, un enfant dysphasique présente généralement un déficit cognitif de la mémoire de travail. Autrement dit, celui-ci a du mal à mémoriser plusieurs informations à court terme, surtout si elles sont communiquées seulement à l’oral. Votre message doit donc être simple et clair.
S’assurer de la bonne compréhension des consignes pour allier dysphasie et scolarité
Vérifiez régulièrement la compréhension des informations ou des consignes énoncées. Ne demandez pas à votre enfant s’il a bien compris, mais plutôt de vous expliquer ce qu’il a effectivement compris. En effet, une personne dysphasique ne signale jamais ce qu’elle ne comprend pas, car elle ne peut pas identifier ses incompréhensions. Ainsi, encouragez-le à répéter avec ses mots le sens des messages verbaux qui lui sont destinés pour améliorer sa compréhension et soutenir ses apprentissages scolaires
Compenser le déficit de compréhension avec des moyens non verbaux
Lorsque les déficits dans la compréhension orale sont trop grands, il sera nécessaire de compenser les difficultés de votre enfant en passant par la communication non verbale. Pour ce faire, utilisez différents canaux sensoriels en vous appuyant sur les gestes, les mimiques, les schémas, les dessins s’il sait lire, le regard. D’ailleurs, n’hésitez pas à solliciter le canal gestuel si cela peut l’aider à mieux comprendre. Vous pouvez également illustrer les consignes par des images pour lui permettre de saisir ce qui est demandé par l’enseignant. En effet, les supports visuels aident grandement les enfants dysphasiques dans la compréhension des leçons et des devoirs. Enfin, renseignez-vous sur les moyens utilisés par l’orthophoniste de votre enfant (s’il bénéficie d’un suivi) pour mieux l’accompagner au quotidien. En effet, de nombreuses méthodes d’aide à la compréhension et au langage ont été créées : Makaton, pictogrammes, etc.
Par conséquent, il existe des moyens de compensation efficaces pour permettre à l’enfant souffrant de dysphasie de réussir sa scolarité en comprenant ce qu’on attend de lui. Dès lors, il saura faire preuve d’une grande détermination pour réaliser le travail demandé avec plaisir et efficacité.
Encourager l’entrée dans la lecture malgré les troubles spécifiques du langage oral
En raison de son trouble, un enfant dysphasique ne parvient pas à automatiser le langage oral. Il n’arrive pas à parler correctement et de façon fluide sans y penser. Il se retrouve donc en situation de double tâche : parler lui demande des efforts attentionnels importants entraînant lenteur et fatigabilité. Néanmoins, il ne faut pas attendre que l’enfant progresse en communication orale pour aborder la lecture. En effet, le langage écrit sert à son tour de support à l’acquisition et au développement du langage oral. L’apprentissage de la lecture doit donc être avancé plutôt que retardé afin d’améliorer les compétences langagières de l’enfant.
Pour soutenir l’entrée dans la lecture, privilégiez une approche multisensorielle. Vous pouvez par exemple proposer des supports oraux avec l’écoute de livres audio. Utilisez également des méthodes gestuelles telles que la méthode Borel-Maisonny qui associe un geste à chaque son afin d’apprendre à lire. L’objectif est de mettre les différents sens au service de la lecture en travaillant les mémoires auditive, visuelle et kinesthésique. À travers l’apprentissage de la lecture, l’enfant dysphasique va mieux saisir la structure des mots et la syntaxe des phrases. Cela l’aidera à s’exprimer de manière satisfaisante pour se faire comprendre par sa famille, ses camarades et professeurs.
Dysphasie et scolarité : ce qu’il faut retenir
Parce que tout est basé sur le langage, on comprend à quel point les enfants dysphasiques souffrent de leur handicap. Pourtant, malgré leurs difficultés à s’exprimer correctement, ces derniers ont une envie immense de communiquer. C’est pourquoi votre soutien au quotidien est essentiel à la réussite scolaire et au bien-être de votre enfant. Pour cela, vous pouvez :
- lui redonner confiance en ses capacités en comprenant ses difficultés langagières et l’énergie qu’il doit déployer pour communiquer ;
- l’encourager à mieux s’exprimer en valorisant ses efforts et en l’aidant à enrichir son vocabulaire ;
- l’aider à comprendre les informations transmises par la reformulation et le langage non verbal (gestes, dessins, etc.) ;
- favoriser rapidement l’entrée dans la lecture pour soutenir le développement du langage oral.
Même s’il s’agit d’un trouble durable et permanent, l’enfant dysphasique peut très bien développer ses compétences langagières grâce à un enseignement adapté. Chez Pazapa, nous avons justement élaboré une pédagogie unique qui prend en compte les besoins éducatifs particuliers de ces élèves à qui le langage fait défaut. Notre objectif : travailler main dans la main avec les parents pour les accompagner au mieux vers l’autonomie et l’estime de soi. Vous souhaitez en savoir plus ? Découvrez notre école en ligne primaire et son enseignement différencié !