Combien font 8 – 3 ? 150 est-il plus grand que 105 ? Quelle somme donne 5 + 9 ? Ces opérations qui semblent très faciles pour des enfants d’âge primaire demandent un effort important aux élèves dyscalculiques. Ces derniers, en effet, ne comprennent pas ce qu’est un nombre : pourquoi 5 est plus grand que 4 ? Ce défaut du sens des nombres se traduit par de grandes difficultés en numération, fondement de base des mathématiques. Tout aussi invalidante que les autres troubles des apprentissages, la dyscalculie chez l’enfant est pourtant moins bien repérée et prise en charge. Les parents se retrouvent alors autant désarmés face à ce trouble que leur enfant face aux chiffres malgré une intelligence tout à fait normale voire même supérieure. De quelle manière les familiariser avec les nombres et les calculs ? Comment aider l’enfant dyscalculique en mathématiques ? Pour chaque activité relative à l’acquisition des nombres, découvrez de quelle façon aider votre enfant à être plus à l’aise avec les chiffres.
Travailler la compréhension du nombre et des quantités
Les enfants dyscalculiques ne savent pas traiter un nombre : pour eux, les chiffres ne veulent rien dire, ils n’ont pas de sens. Ce trouble s’explique non pas par un retard mental ou un manque de capacité, mais uniquement par un dysfonctionnement cérébral. Autrement dit, par un développement particulier du cerveau qui ne permet pas, par exemple, de bien comprendre le fonctionnement des nombres.
Origine du trouble des apprentissages en mathématiques
À l’origine de ce trouble cognitif, il y a souvent un déficit de l’accès aux représentations numériques mentales. Il s’agit justement de la faculté qui procure le sens aux nombres : le sens du cinq sur une montre, le sens du cinq sur une règle, le cinq sur un billet, le cinq sous une fraction. Un enfant qui présente une dyscalculie du traitement numérique n’arrive pas à comprendre ces différentes représentations pour un même chiffre.
Il n’est donc pas question d’un simple retard scolaire ou de difficultés passagères, mais bien d’un réel déficit dans l’assimilation des nombres. Ce trouble peut être source d’une grande souffrance chez l’élève alors même qu’il obtient de bons résultats dans les autres matières.
Activités du quotidien pour concilier mathématiques et dyscalculie chez l’enfant
Comment aider son enfant à comprendre le concept même du nombre ? Eh bien, par les activités quotidiennes ! Les situations de la vie courante se prêtent bien à parler ou à jouer avec les chiffres puisque nous les manipulons fréquemment (faire des achats, cuisiner, mesurer, etc.). Voici quelques idées :
- Compter tout : les pommes dans la corbeille de fruits, les assiettes sur la table, les jouets à ranger. Pour réussir à compter, l’enfant doit pointer (avec le doigt ou les yeux) chaque objet tout en récitant la chaîne numérique (1, 2, 3, 4, 5, …) et trouver le nombre final. S’il compte plusieurs fois les mêmes éléments, proposez-lui de les déplacer au fur et à mesure qu’ils sont énumérés. Travailler le dénombrement au quotidien est essentiel pour aider l’enfant dyscalculique en mathématiques.
- Regrouper des objets selon une caractéristique commune : tous les bleus, tous les carrés, tous les feutres, tous les crayons. On parle ici de « classification » et c’est ce qui permet d’acquérir le nombre. Par exemple, quatre est le nom de tout ce qui est composé de quatre objets qu’il s’agit de feuilles, de stylos ou de jouets.
- Partir à la « chasse aux chiffres » : à la maison, expliquez à votre enfant à quoi servent les chiffres affichés sur l’horloge, sur la télécommande, sur le téléphone. À l’extérieur, repérez les nombres sur les panneaux de circulation, les plaques d’immatriculation ou encore les plaques de rue.
- Jouer à des jeux de société : utilisez n’importe quel jeu de société où il est nécessaire de faire avancer des pions pour travailler la suite des nombres. Le pion avance d’une case à la fois par chiffre récité.
- Lire des livres à compter : avec les plus jeunes, feuilletez des albums qui proposent des histoires à base de nombre.
À travers ces « exercices » quotidiens, vous aiderez votre enfant à mieux comprendre, percevoir et manipuler des quantités tout en faisant le lien avec les nombres.
Faciliter la lecture et l’écriture des nombres pour aider l’enfant dyscalculique en mathématiques
Les élèves qui souffrent d’un déficit dans les acquisitions numériques ont bien souvent du mal à lire et écrire des nombres. Pour « 730 » par exemple, ils vont lire « sept trois zéro » au lieu de « sept cent trente », c’est-à-dire qu’ils procèdent à une lecture chiffre par chiffre sans tenir compte du rang occupé. L’écriture des nombres est aussi un casse-tête : ils peuvent noter 100203 plutôt que 123, 6012 plutôt que 72. La dyscalculie chez l’enfant est d’ailleurs rarement isolée. Elle est fréquemment associée à d’autres troubles qui s’expriment à des degrés divers comme la dyslexie, la dysorthographie ou la dyspraxie.
De quelle manière aider ces enfants qui peinent à utiliser les chiffres ? En leur facilitant la compréhension du système décimal. C’est uniquement en comprenant et en maîtrisant le système base 10 (10 unités = 1 dizaine, 10 dizaines = 1 centaine, etc.) qu’ils pourront lire et écrire des nombres. En pratique, vous pouvez :
- Habituer votre enfant à reconnaître la famille de chaque chiffre : chaque chiffre occupe un rang précis dans un nombre, c’est-à-dire qu’il appartient à une famille (famille des unités, famille des dizaines, des centaines, etc.). Expliquez-lui alors qu’il doit toujours donner la famille du chiffre après l’avoir lu. Exemple avec 3 450 : « trois » est de la famille de mille, on lit donc « trois mille » ; « quatre » est de la famille de cent, on lit donc « quatre cents » et on lit normalement les deux derniers chiffres.
- Utiliser un code couleur pour faciliter l’écriture des nombres : par exemple, le vert pour les milliers, le rouge pour les centaines et le bleu pour les deux derniers chiffres (3 450 = trois (mille) quatre (cent) cinquante). Conservez toujours le même code pour permettre à l’enfant de se construire des repères durables.
Encourager la résolution de problèmes malgré la dyscalculie chez l’enfant
« Thomas a 4 bonbons de plus que Lisa. Lisa a 6 bonbons. Combien de bonbons a Thomas ? ». Un enfant avec des troubles logico-mathématiques ne comprend généralement pas un énoncé de ce type. Il peut avoir du mal à se représenter les nombres évoqués dans l’exemple, autrement dit, à visualiser les quantités dans sa tête. Il n’arrive pas à comprendre l’histoire associée au problème. Il ne sait pas ce que veut dire la somme, la différence, plus que, moins que, la moitié de, etc. L’absence de toute notion de quantité, essentielle à la résolution de problèmes, est d’ailleurs l’un des premiers signes de la dyscalculie chez l’enfant.
Aider l’enfant dyscalculique en mathématiques à résoudre un problème
Facilitez-lui la résolution des problèmes de la façon suivante :
- Vérifier la compréhension de l’énoncé : demandez-lui de vous expliquer ce qu’il faut chercher pour voir s’il a bien compris la consigne. Reformulez la demande si nécessaire.
- Le laisser utiliser toutes les stratégies nécessaires pour résoudre les calculs : compter sur ses doigts, réciter la suite numérique, dessiner les quantités, utiliser du matériel concret pour dénombrer (jetons, etc.).
- S’assurer que la réponse trouvée soit cohérente par rapport au problème : encouragez votre enfant à toujours vérifier l’exactitude de son résultat.
- L’encourager : et surtout, soutenez-le au quotidien et lorsqu’il fait des améliorations. Expliquez-lui qu’il est tout aussi intelligent qu’un autre même s’il prend beaucoup de temps à faire ses devoirs. Votre attitude positive face à ses difficultés aura assurément un effet sur sa réussite scolaire.
Activités quotidiennes et résolution de problèmes avec la dyscalculie chez l’enfant
À la maison, vous pouvez aussi proposer à votre enfant de comparer des quantités d’objets : comparer le nombre de pommes et de bananes, le nombre de fourchettes et de cuillères, le nombre de feutres et de crayons. De quoi y a-t-il le plus ou le moins ? Un paquet de 10 bonbons est-il plus intéressant qu’un paquet de 3 bonbons ? Profitez des activités de la vie quotidienne pour encourager la résolution de problèmes : « J’ai posé deux assiettes sur la table et nous sommes cinq. Combien d’assiettes faut-il ajouter ? ». « J’ai besoin de six œufs pour faire ce gâteau et nous n’en avons que trois. Combien d’œufs devons-nous acheter ? ».
Aider les enfants dyscalculiques à comprendre les opérations mathématiques
Votre enfant ne sait pas poser une opération ? Il ne distingue pas les différents signes mathématiques ? Les additions, soustractions, divisions ou multiplications sont très compliquées pour lui. Comment l’expliquer ? D’une part, par ses difficultés à comparer les nombres. L’élève dyscalculique les traite comme des lettres, comme s’ils n’avaient pas de sens numérique. Or, pour faire des opérations, il est indispensable d’effectuer une comparaison entre les nombres, savoir que 9 est plus grand que 7 par exemple. D’autre part, par ses éventuels troubles visuo-spatiaux : il a du mal à se repérer dans un plan ou dans l’espace feuille de son cahier. Il ne parvient donc pas à poser correctement une opération puisqu’il faut aligner les nombres sans se tromper de colonnes. Il confond aussi les signes mathématiques et les chiffres qui se ressemblent (« + » et « × », « 6 » et « 9 », etc.). On parle alors de dyscalculie visuo-spatiale.
Pour aider l’enfant dyscalculique en mathématiques à comprendre les opérations, vous pouvez :
- Travailler sur l’objectif de l’opération : que cherche-t-on à faire ? Si c’est une addition, on ajoute des éléments, donc ce sera « + ». Si c’est une soustraction, on enlève des éléments, donc ce sera « – ». La manipulation d’objet peut être très utile à cette fin.
- Le laisser compter sur ses doigts : le comptage manuel facilite la compréhension des calculs.
- Utiliser un tableau de repérage pour travailler sur le sens des nombres : invitez votre enfant à écrire les chiffres dans l’ordre afin de les mettre en relation les uns avec les autres. Demandez-lui de quel côté se trouvent les petits et les grands chiffres. Puis, encouragez-le à établir des comparaisons en se repérant dans le tableau : 6 est-il plus grand que 9 ?
- Utiliser des gabarits d’opération : donner des repères spatiaux à l’enfant pour faciliter la pose des opérations. Vous trouverez sur le site cartable fantastique des kits mathématiques à imprimer.
Faciliter l’apprentissage des tables de multiplication avec le trouble des activités numériques
Les élèves ayant des troubles d’apprentissage en mathématiques ont beaucoup de mal à retenir les tables de multiplication. Malgré des efforts considérables et des répétitions quotidiennes, leur mémorisation semble être une tâche impossible. Comme il existe plusieurs types de dyscalculies, il est précisément question ici de dyscalculie mémorielle, c’est-à-dire d’une incapacité à acquérir les faits mathématiques. Cet apprentissage est pourtant fondamental pour résoudre des équations qu’ils pourront rencontrer dès le collège. Ainsi, comment faciliter l’acquisition des tables de multiplication afin d’aider l’enfant dyscalculique en mathématiques ?
Voici plusieurs solutions :
- Choisir une approche multisensorielle : chanter, sauter à la corde à sauter, etc. Le mouvement facilite l’apprentissage et les enfants adorent !
- Développer des stratégies de calcul: pour apprendre ou vérifier la table de 9, votre enfant peut se servir de ses doigts. Prenons l’exemple de 9 × 7. Demandez-lui de poser ses mains à plat sur la table. Puis, de plier le doigt correspondant au chiffre à multiplier par 9 en partant de la gauche. Dans notre exemple, il pliera le 2e doigt de sa main droite (son index). Le résultat apparaît alors devant ses yeux : les dizaines sont le nombre de doigts à gauche (6) et les unités le nombre de doigts à droite du doigt plié (3), soit 63.
- Travailler la mémorisation chaque jour à petites doses : demandez-lui régulièrement quelques multiplications d’une table déjà apprise.
- Utiliser un mémo : s’il ne parvient vraiment pas à retenir ses tables de multiplication et en accord avec l’enseignant, proposez-lui des aide-mémoires ou bien l’utilisation de la calculatrice. Grâce à ces moyens de compensation, l’enfant ne se fatigue pas dans la recherche des « bons résultats ». Il se concentre uniquement sur les tâches mathématiques qui demandent de la réflexion.
Ce qu’il faut retenir de la dyscalculie chez l’enfant
Bien plus que de simples difficultés en mathématiques, la dyscalculie chez l’enfant est un vrai trouble. La souffrance de l’élève dont tout effort reste vain pour faire une addition par exemple est réelle. Il se décourage, doute de ses capacités et se trouve « nul » par rapport à ses camarades. Le reconnaître est un premier pas indispensable pour aider l’enfant dyscalculique en mathématiques. Car, même s’il s’agit d’un trouble durable et permanent, ce dernier peut tout à fait réussir à développer ses compétences numériques grâce à un enseignement adapté. Votre soutien au quotidien et durant la période des devoirs est aussi précieux. Chez Pazapa, notre école musulmane en ligne, nos enseignants collaborent en permanence avec les parents pour favoriser la réussite de ces enfants. C’est en travaillant ensemble que nous pouvons établir des stratégies d’enseignement efficaces afin de les aider à être plus autonome en mathématiques et ainsi réamorcer la confiance en leurs capacités.